Manuel Valls a déclaré, l’autre jour, que trois Régions étaient susceptibles d’être conquises par le front national. Outre le Nord Pas-de-Calais et Paca, le Grand Est en ferait partie. Partagez-vous cette analyse ?
Objectivement, je ne le pense pas. Rien n’est acquis, mais ce risque me paraît faible, par rapport à d’autres régions. Le défi, avec un PS affaibli, c’est de creuser l’écart avec le FN. Philippe Richert, avec ses têtes de liste départementales dont Jean Rottner dans le Haut-Rhin a toutes les cartes en main pour arriver en tête au premier tour et amplifier la dynamique au deuxième. « Il a la légitimité » Sa démarche prend en compte toutes les réalités de cette grande Région, il en rencontre les acteurs, et la parcourt, en ayant déjà fait plusieurs milliers de kilomètres. D’aucuns lui reprochent de se présenter à la présidence de l’Acal, alors qu’il avait milité pour le conseil d’Alsace… Mais personne ne peut mettre en cause la sincérité et la force de l’engagement qui était le sien au moment du référendum, en 2013! Il a aujourd’hui la légitimité pour défendre la spécificité alsacienne aun sein de cette grande Région. D’aucuns pourraient craindre que sa campagne soit freinée par la frustration d’un échec qui nous concerne tous, nous qui avions défendu ce projet. Pour avoir beaucoup parlé avec lui, j’ai acquis la conviction qu’il a tiré, de cet épisode douloureux, une force nouvelle qui peut rassurer ceux qui seraient tentés par d’autres votes. Je l’ai vu dialoguer avec ceux qui n’acceptent pas la Grande Région, de manière humble et pédagogique.
À qui le parti Unser Land va-t-il prendre des voix ?
Le comble, c’est qu’avec sa politique de gribouille, le gouvernement a réveillé le courant autonomiste en Alsace, ce qui paradoxalement ne peut servir que le FN. Pour des raisons liées à mon histoire personnelle, et même si le contexte est différent de celui de, l’entre-deux-guerres, j’estime que les électeurs qui se laissent séduire par Unser Land font fausse route. L’Alsace n’a pas d’avenir, même avec l’Europe, en-dehors de la communauté française. Toutes les vraies questions - comme l’identité régionale, Le droit local alsacien mosellan, les relations transfrontalières - ne seront en aucun cas mieux défendues, à travers la vision d’une Alsace repliée sur elle-même.
Que préconisez-vous comme alternative ?
La fusion, à terme, des deux Départements alsaciens, afin de constituer une entité alsacienne forte et unie, à l’intérieur de la grande Région. « Discussions un peu compliquées » Ce chemin pragmatique - un signal fort a été donné par la réunion des deux conseils départementaux à Colmar nous permettra de valoriser nos atouts et de jouer un rôle dans ce nouveau territoire.
Comme président de l’UDI 68, êtes-vous satisfait de la manière dont les listes ont été négociées ?
Les discussions sur la constitution des listes sont toujours un peu compliquées, mais nous avons créé une union dynamique de rassemblement, avec Les Républicains et le MoDem. Les précédents scrutins ont tous montré que la droite ne peut gagner sans le centre. Nous avons huit élus au conseil départemental du Haut-Rhin. Et trois parlementaires en Alsace, avec le sénateur Claude Kern, dans le Bas-Rhin, le député Francis Hillmeyer et moi-même dans le Haut-Rhin. Nous sommes des partenaires actifs, loyaux et identifiés. C’est une chance, pour une majorité, d’avoir deux formations politiques. Cela permet d’occuper un espace plus large.