La Chronique de Marc d’Héré :
Je rappelle, et particulièrement à l’occasion de cet article, que cette « chronique » n’exprime que mes idées et ne saurait engager « La Gauche Moderne »
La guerre en Afghanistan est une guerre juste, la France a eu raison d’y participer et Nicolas Sarkozy raison, d’augmenter, il y a près de deux ans, les forces françaises engagées.
Pourtant, aujourd’hui, la politique menée par les Etats-Unis paraît rendre la situation de plus en plus difficile. Indécis et quelque peu démagogue, le Président américain qui évoque un retrait pour l’année prochaine (comment mieux faire naître la défiance et l’inquiétude ?) peine à imposer une stratégie, peut-être même à en concevoir une. Les américains semblent privilégier plutôt la stratégie militaire, mais la crainte de pertes trop élevées les conduit à un relativement faible engagement et des bombardements approximatifs qui se traduisent par la multiplication des bavures et des morts de civils afghans, dont chacune augmente l’hostilité des Afghans pour les occidentaux et vient contrebalancer les rares progrès militaires.
Plus que d’actions militaires lourdes, sans doute serait-il nécessaire, en complément ou en priorité, d’apporter une aide économique, sociale, sanitaire aux populations. C’est sans doute davantage par la construction de routes ou d’hôpitaux, par des aides directes à l’agriculture, par la diffusion de l’éducation et de la formation, que par des opérations militaires (certes nécessaires), que cette guerre contre l’obscurantisme et la tyrannie peut être gagnée. C’est aussi en apportant cette aide directement aux populations concernées, sans passer par le truchement d’un gouvernement corrompu et incompétent, ou pire encore en versant, en pure perte, des millions de dollars à des « seigneurs de la guerre » !
La France doit dire clairement les choses et poser comme condition à son maintien en Afghanistan, un immédiat changement de politique.
Nicolas Sarkozy devrait pouvoir entraîner sur cette position nombre de pays, européens ou d’autres continents, engagés en Afghanistan, et c’est collectivement qu’ils pourraient faire part de leurs exigences au Président américain et à l’OTAN
En rompant avec la politique d’effacement et de renoncement de la période Chirac/Villepin, la France a depuis 3 ans suffisamment montré sa loyauté envers ses alliés et son implication dans la lutte contre le terrorisme, pour avoir le doit de se permettre cette attitude exigeante et ferme. On comprendrait de moins en moins bien, dans notre pays, une poursuite de l’engagement de la France dans les conditions d’aujourd’hui, en se soumettant, sans la remettre en question, à la « stratégie » d’un Barack Obama et d’une administration américaine qui semblent dépassés.
Marc d’Héré
PS : Avec 79 morts en trois semaines, juin est déjà devenu le mois le plus meurtrier pour les forces internationales en huit ans et demi de guerre en Afghanistan, selon un décompte de l'Agence France-Presse après l'annonce par l'Otan du décès de quatre autres de ses soldats hier.
Dans la seule journée d'hier, 10 soldats de la force de l'Otan (Isaf) ont péri. Six dans l'explosion de bombes artisanales, des échanges de tirs ou un accident et, comme l'a annoncé l'Isaf jeudi dans un communiqué, quatre de plus dans un accident de leur véhicule dans le sud. (AFP)