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Un service civique au service des citoyens

Pourquoi un service civique ?

Si la suspension du service militaire était la conséquence logique de l’évolution du contexte géopolitique, qui justifiait la professionnalisation des armées, il est vite apparu qu’elle laissait un vide.

Le service militaire constituait, en effet, une étape structurante dans la vie des jeunes. Il constituait, avec l’instruction obligatoire, l’un des deux piliers du creuset républicain, au sein duquel l’ensemble d’une génération se mêlait, toutes catégories sociales confondues, au service de la nation.

L’annonce par le Président de la République, à l’occasion de son discours sur la jeunesse, en septembre dernier, de la mise en place, dès 2010, d’un dispositif efficace de service civique, conformément à un engagement de campagne, a permis de donner une impulsion décisive.

Le constat d’un affaiblissement du lien social et d’une montée du repli sur soi ou du repli communautaire est largement partagé. Ses symptômes sont nombreux et connus de tous.

Il nourrit la nostalgie d’une époque où le service militaire assurait une fonction de brassage social et culturel, était un lieu de transmission des valeurs républicaines et, naturellement, entretenait l’esprit de défense.

Si son souvenir est sans doute quelque peu mythifié, n’en demeure pas moins la nécessité de mettre en place un dispositif ambitieux formalisant l’engagement des jeunes au service de la nation et de la communauté nationale.

Nous avons, en effet, une jeunesse généreuse, qui a soif de s’engager, qui cherche à prendre des responsabilités au service des autres, mais qui ne sait pas toujours comment s’y prendre.


L’Agence du Service civique : quel pilotage ?


Il est ainsi apparu opportun de créer une structure nouvelle, bien identifiée et entièrement dédiée au service civique.

Il a été proposé que cette structure, dénommée Agence du service civique, prenne la forme, souple, d’un groupement d’intérêt public associant les différents acteurs du service civique.

Cet organisme sera chargé de la promotion du service, de sa communication, de l’agrément des organismes d’accueil, ainsi que de l’évaluation et du contrôle du dispositif.

Ce GIP est placé sous l’autorité du Premier ministre, afin de lui donner une force symbolique et emblématique de l’engagement de la nation derrière les jeunes volontaires.

Il faut aussi faire du service civique une étape structurante dans la vie des jeunes. Pour cela, les missions doivent se dérouler sur une durée suffisamment longue et non fractionnable, et constituer l’activité principale du volontaire.

Instrument de formation civique et citoyenne, le service civique doit comporter une formation civique commune, rappelant les valeurs du vivre ensemble.

 

Quelles missions pour le Service civique ?

 

Les missions proposées doivent naturellement revêtir un caractère d’intérêt général.


Le service civique doit avoir aussi une vocation universelle. Il doit être proposé et accessible à tous. Indemnisation et valorisation dans le cursus scolaire et professionnel, notamment grâce à la délivrance d’une attestation de service civique, acquisition de points retraite, doivent permettre de toucher le public le plus large possible, afin d’assurer le brassage social qui est l’une des principales conditions de son succès.


Ce nouveau service civique doit concerner 10 000 jeunes dès 2010, et plus de 70 000 dans les années à venir, soit environ 10 % d’une classe d’âge. 500 millions d’euros lui seront consacrés la première année.


Au terme de cette montée en puissance, pourra éventuellement se poser la question de le rendre obligatoire. Mais pour l’heure, l’obligation n’est pas envisageable, tant pour des raisons budgétaires que pour des raisons pratiques.


Le Service civique a une dimension sociétale évidente et ne doit pas être confondu avec un premier emploi (démarche sociale). Il n’a pas pour vocation d’être une alternative au lycée pour les jeunes en situation d’échec scolaire ou de constituer un premier emploi subventionné pour des jeunes chômeurs.


Il convient, enfin, pour assurer le succès du service civique, de bien le distinguer d’autres dispositifs. De par l’engagement individuel fort qu’il représente, de par son caractère citoyen particulièrement affirmé, le service civique doit constituer un engagement prioritaire et particulier, personnel.


Il doit être identifié comme tel, aux côtés des autres formes d’engagement que sont le bénévolat et le volontariat associatif (sous la forme d’une attestation de service civique aux bénévoles) ou encore la réserve (civile ou militaire – dont la réserve citoyenne).


Cela n’empêche pas de mener une réflexion sur l’absolue nécessité de mieux valoriser le bénévolat.


Il s’agit aussi de prendre en compte la montée en charge des réserves civiles, à l’instar de celles mise en places au niveau des ministères de la Justice - notamment au sein de son administration pénitentiaire - et de l’Intérieur, pour se doter des capacités de répondre à des crises ponctuelles d’ordre pandémiques, environnementales ou cataclysmiques.

 

Emmanuel DUPUY

Le 9 juin 2010


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