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Facteur d’autonomie, le travail est aussi un élément essentiel de l’estime de soi et de la construction de l’identité individuelle
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L’essentiel c’est l’emploi. Facteur d’autonomie, élément déterminant de la construction de l’identité individuelle, le travail joue un rôle capital dans la création et le maintien du lien social, Face au fléau du chômage, qui détruit les individus, met à mal les familles et désorganise la société, les solutions qui paraissent défendre les salariés, en retardant artificiellement les réorganisations nécessaires sont contre productives.
Empêcher les licenciements est illusoire, rendre par trop difficiles ou coûteux les licenciements économiques a eu pour conséquence entre 2001 et 2003 l’explosion des licenciements pour fautes dans lesquels le salarié a finalement été pénalisé, et le plus souvent l’annonce seule de telles mesures a comme conséquence de raréfier les embauches. La gauche traditionnelle a tort de se focaliser sur le maintien à toute force du salarié dans son emploi, même si celui-ci est condamné par la concurrence ou le progrès technique. Ce ne sont pas les emplois qu’il faut protéger mais les personnes qu’il faut rendre employables et mettre en condition de retrouver le chemin d’un nouvel emploi. Plutôt que de se battre pour protéger des activités ou des emplois obsolètes, il faut tout faire pour en créer de nouveaux. Pour aller vers une société du plein emploi qui doit mobiliser les énergies et les bonnes volontés, on dépassera les politiques globales défensives, pour privilégier l’adaptation aux besoins et la responsabilisation des acteurs.
La réunification de l’ANPE et de l’UNEDIC, pour créer « pôle emploi », service public unique, plus proche des demandeurs d’emploi et de leurs besoins, permettant d’ajouter la relation à la prestation, est une excellente initiative. Encore faut-il, pour que ce service personnalisé trouve toute son efficacité, que les demandeurs d’emploi apportent leur participation et que leurs efforts viennent répondre à ceux de la collectivité. La liaison entre les efforts des demandeurs d’emploi et les indemnités chômage doit s’affirmer, dans un cadre contractuel et de partenariat, comportant un volet pratique à la manière des « entreprises de recherche d’emploi » en Europe du nord. C’est ainsi que la diminution, voire la suppression des indemnités pouvant intervenir en cas de refus d’offres raisonnables d’emploi pourra être comprise comme une incitation et non un abandon. On doit donner aux chômeurs le maximum de chances de retrouver un emploi, au plus près de leurs compétences et de leurs souhaits, il leur appartient en contrepartie de saisir ces chances, de ne pas les refuser. Le RSA, s’affirme comme l’outil d’insertion qui doit permettre aux personnes au chômage de trouver un avantage financier à reprendre un emploi, même partiel. Il s’agit d’une des grandes mesures sociales du quinquennat, que nous avons fortement soutenue et dont le financement repose, comme nous l’avions proposé, sur les revenus du capital.
La croissance est nécessaire à l’emploi, car on ne diminuera pas le chômage en son absence. Les banques doivent être incitées à faire mieux leur métier de soutien à l’économie, notamment des PME innovantes : c’est dans cette direction que doivent se prendre les risques et non dans la spéculation. L’État doit favoriser le développement des services à la personne et accompagner les investissements dans les secteurs d’avenir, et ceux liés à la protection de l’environnement (logement, transports, énergie...) qui contribueront à la protection de la planète tout en étant source de nombreuses créations d’emplois. Certaines charges sociales seront basculées sur la valeur ajoutée des entreprises, au lieu d’être liées aux salaires, ce qui pénalise les entreprises de main d’œuvre, ou seront modulées, par un système de bonus malus en fonction des évolutions en terme de niveau et de qualité d’emploi.
Faciliter l’embauche, passe, notamment, par une simplification et un assouplissement du contrat de travail, de sa signature à sa rupture éventuelle. C’est dans les conditions et modalités du licenciement que réside le nœud de la question. Entouré de garanties et assurant une compensation financière importante pour le salarié, le licenciement doit être suffisamment simple et rapide pour ne pas représenter un frein à l’embauche. Et puis, la réforme abîmée de réduction du temps de travail peut être reprise. Le temps partiel choisi doit devenir un droit à négocier dans l’entreprise et être développé, quand on sait que plus d’un million de personnes travaillant à temps plein sont prêtes à travailler à temps partiel, presque autant que l’inverse.
Permettre un retour à l’emploi plus rapide doit être un objectif prioritaire, sachant que la gravité de la situation, tient moins dans la perte d’emploi que dans la difficulté à un trouver un nouveau. Doit être aussi accordée une sécurité accrue en cas de mobilité, comme lors des périodes de chômage, avec le transfert de droits tels que la formation, d’une entreprise à une autre. Un « compte mobilité » pourrait apporter à chacun des garanties quelles que soient les variations de sa situation professionnelle. Un effort particulier doit être fait vis-à-vis des jeunes, avec l’organisation et la mise à disposition d’un vrai service public d’orientation, une accélération de l’apprentissage et un développement de la formation post scolaire, une extension conditionnelle du RSA, une aide provisoire aux entreprises qui auront fait un effort particulier d’embauche et de formation de jeunes non qualifiés. Le contrat de transition professionnelle, permet un parcours pouvant comprendre des mesures d’accompagnement, des périodes de formation et des périodes de travail au sein d’entreprises ou d’organismes publics. La multiplication par dix du nombre de ses bénéficiaires, parmi les demandeurs d’emploi, en 2009, est un progrès à encourager.
La formation continue doit pouvoir bénéficier à tous (particulièrement aux demandeurs d’emploi, aux salariés de PME, aux non qualifiés) et non seulement, comme aujourd’hui, à ceux qui sont déjà les plus formés et les plus qualifiés. L’utilisation des 34 milliards d’euros qui y sont consacrés pourrait être considérablement améliorée, si la collecte était mutualisée, et si un contrôle rigoureux sur les organismes de formation et les formations dispensées avaient lieu43. La formation tout au long de la vie, doit dépasser le stade du slogan pour devenir une réalité concrète.
Beaucoup a été fait, pour les retraites, mais on n’est pas au bout des efforts nécessaires. Nous sommes persuadés que nous pouvons, par le dialogue social, parvenir à des solutions courageuses équitables et d’avenir. Une plus grande égalité est encore à obtenir entre le public, le privé, les régimes spéciaux, en terme de montant de cotisation ou d’années de référence, quitte à les compenser avec la prise en compte d’une partie des primes dans l’assiette des cotisations et des prestations. Reste aussi à décider l’allongement de la durée d’activité, progressif et modulé en fonction de la pénibilité des fonctions, des espérances de vie et du cursus de chacun, et à concrétiser l’idée qu’il ne peut y avoir pour tous un même âge couperet. La société de liberté que nous voulons, exige d’accentuer les possibilités d’adaptation à des choix différents. La durée doit primer sur l’âge. On donnera une plus grande latitude d’arbitrage entre âge de départ en retraite et montant de la pension : possibilité d’aller au delà de l’âge limite pour améliorer sa pension, de « tirer » librement sur son compte retraite, de choisir des formules modulées de retraite.
Pour permettre un maintien global du niveau des retraites, et assurer un taux de remplacement suffisant pour les bas salaires, sans doute faudra-t-il compléter l’allongement de la durée de cotisation par une hausse des cotisations, modulée en fonction du niveau de vie. Enfin, en complément au système de répartition, un recours à la capitalisation, doit être ouvert à tous les salariés, et non aux seuls fonctionnaires comme à l’heure actuelle, en veillant à limiter les risques que la crise boursière a cruellement mis en lumière.