Quel rôle l'école doit-elle jouer ? Quelles valeurs doivent être transmises ? Quelles réformes doivent-être menées ?

L'éducation est au cœur de la civilisation

Parce qu’elle transmet les valeurs et les connaissances, l’Éducation peut concourir par son action sur la formation de la jeunesse, donc de la société de demain, à faire d’une société humaine, une démocratie ou s’épanouissent des citoyens dynamiques, à l’esprit critique mais au sens civique développé, ou bien une société apathique et soumise, ou bien encore obscurantiste et autoritaire, comme la planète en porte tant.


Aujourd’hui, les élèves, quel que soit leur âge, passent plus de temps devant la télévision que sur les bancs de l’école. La télévision, comme les nouveaux médias issus de son mariage avec l’informatique et les réseaux de télécommunication, représente un formidable défi pour les responsables publics. Si l’École ne remplit pas entièrement sa mission, alors ce seront les valeurs portées par ceux qui financent et décident de l’orientation des produits auxquels sont exposés les jeunes, sur les écrans, les consoles et les réseaux, qui domineront le monde de demain. Valeurs souvent bien différentes de celles que vise à transmettre l’École de la République. Cela ne serait pas sans dommage pour la société.

L’instruction est la fois la meilleure arme qui puisse être fournie aux individus dans le monde changeant d’aujourd’hui, et la meilleure garantie pour la compétitivité de nos économies, c'est‐à‐dire aussi la meilleure garantie du maintien des avancées sociales dont bénéficient nos sociétés européennes et particulièrement la nôtre. Les deux notions sont liées et on ne gagnera pas le pari de l’efficacité sans gagner aussi celui de la justice et de l’équité.

Lieu d’apprentissage pour les jeunes, lieu où s’inscrit la possibilité d’une vraie égalité des chances, pour les diverses catégories sociales, et lieu où se construisent les chances de la nation dans la compétition économique mondiale, l’école est le creuset où notre avenir se dessine. Le caractère fondamental de sa mission justifie pleinement qu’elle représente la priorité pour un État attaché à la réussite individuelle et collective, tout autant qu’au développement d’une société d’égalité des chances.

Le système scolaire a dû répondre en quelques décennies à une croissance rapide du nombre d’enfants et de jeunes, scolarisés sur un temps de plus en plus long. Ce n’était pas facile, cela a été réalisé, notamment grâce aux efforts, au dévouement et à la grande qualité de centaines de milliers d’enseignants. Mais cette réussite reste, en elle même, insuffisante.

Malgré la croissance permanente et rapide de son budget (la France consacre plus de moyens financiers à l’école que la plupart de nos voisins), au nom d’un « toujours plus » qui a marqué la plupart des politiques suivies, les résultats de notre enseignement ne correspondent pas à nos attentes d’efficacité et de solidarité.

Le privilège de la naissance existe plus que jamais et les facteurs socioéconomiques et culturels pèsent toujours davantage sur les parcours et fixent, dès les premières années, les trajectoires. La part des jeunes d’origine « modeste » dans les grandes écoles qui était e plus de 20% dans les années 50 est tombée à moins de 10 % aujourd’hui. Les 80 000 élèves qui, à l’entrée au collège ont de grandes difficultés de lecture et d’écriture, les 50.000 jeunes qui sortent annuellement du système sans diplôme et qui vont, pour beaucoup d’entre eux, renforcer les rangs des chômeurs, viennent surtout des familles défavorisées. Cet échec de la formation initiale est frustrant et désespérant pour les individus, il pèse lourdement sur la réussite collective et la cohésion sociale.

Le système d’enseignement doit prendre conscience qu’il a une obligation de résultats plus que de moyens. L’échec scolaire marque aussi l’échec de l’école. Une rénovation du service public de l’éducation doit avoir ce double objectif complémentaire : le rendre plus performant et plus égalitaire.

En faire la condition de l’égalité des chances, le moyen privilégié de la mobilité sociale, un élément de la réussite collective.
Les valeurs de La Gauche Moderne, équité, responsabilité, justice sociale se traduisent dans notre projet pour l’école et pour l’éducation, comme s’y retrouve notre volonté de faire de l’école un tremplin pour tous, une possibilité donnée au plus grand nombre de jeunes de réussir sa vie citoyenne et professionnelle.

L’école doit aider à lutter contre les avantages et les handicaps héréditaires, grâce à un système exigeant et adapté à la diversité des situations, valorisant plusieurs parcours et recourant à une allocation appropriée, donc différenciée, des moyens.

A la diversité des situations sociales et territoriales, à la nécessité de se rapprocher de leurs réalités, des besoins et des attentes à satisfaire pour permettre leur réussite, doivent logiquement correspondre des projets pédagogiques adaptés, des méthodes, des orientations différenciées ; la gestion des ressources humaines, l’évaluation et la formation des enseignants doivent aussi tenir compte des spécificités et des différences de situations, ce qui exigera autonomie des établissements, coopération des différents acteurs sociaux et locaux.

Au‐delà de son rôle de transmission du savoir, et d’école de la citoyenneté, l’école doit s’intéresser au devenir des élèves. Elle doit permettre une orientation satisfaisante, décliner une vision prospective de l’emploi.

La France doit concevoir et organiser un service public de l’éducation, capable d’assurer son développement dans le cadre de la mondialisation, tout autant que de donner à sa jeunesse les moyens de construire son avenir. Pour qu’il soit à la hauteur de cette ambition, la France doit impérativement réformer ce service public.

Toutes les réformes de l’enseignement, même celles qui étaient cohérentes dans leurs principes, se sont heurtées depuis des décennies à un système sclérosé et rigide dans sa forme, et à des oppositions, politiques ou corporatistes, qui ont conduit l’État à y renoncer ou à les vider de l’apport positif que pouvait avoir leur contenu. Il n’en est resté qu’une désorganisation de la situation antérieure, finalement préjudiciable au fonctionnement de l’institution et à la formation des élèves.

Au‐delà de la conception des réformes, c’est la méthode qu’il faut revoir.

Aussi les propositions qui suivent et qui nous apparaissent nécessaires, ne pourraient en aucun cas, être mises en œuvre globalement et brutalement.

Il n’y aura pas de « grand soir » de l’éducation. Il n’y aura pas de « réforme globale » de l’éducation. Tout projet de réforme doit faire l’objet de concertations, de larges débats, avec les enseignants, avec les élus, avec les associations, mais aussi avec l’ensemble des citoyens, car, tous, nous sommes concernés par l’éducation. Rien ne doit être entrepris sans un certain consensus, mais il est aussi nécessaire, lorsque l’information a été large, le débat nourri, les négociations suffisantes, de maintenir les positions arrêtées sans céder à des oppositions minoritaires qui, pour violentes ou durables qu’elles soient, ne doivent pas faire renoncer à l’intérêt général.

La mise en œuvre, par elle‐même, doit être progressive, avec le plus souvent, plus des périodes d’expérimentations, suivies d’évaluations.

> La suite : Il faut repenser L'organisation de l'école


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